2011: TRIATHLON IRONMAN FRANCE-NICE
LE RETOUR

Après deux ans de pause, me revoilà inscrit à un Ironman. C'était un objectif du club, nous sommes 23 inscrits. Nous hésitions entre Nice et Barcelone (qui n'a pas le label Ironman). Nice a finalement été choisi pour la proximité.

Alors quel objectif après deux ans où je ne me suis plus vraiment beaucoup entrainé ? En début d'année, c'était juste "me faire plaisir" et "faire découvrir un Ironman à mon amie". Et puis en cours de préparation c'est devenu "battre mon record" (12h40 à Roth). Ca me semble facile: la dernière fois j'ai fait 12h48 avec un marathon lamentable. Une semaine avant le jour J, j'ai de très bonnes sensations à vélo, et comme je me suis bien entrainé à pieds, mon objectif devient "12h20" voire "moins de 12h"... En tout cas je peux battre Serge, le président du club, mon éternel rival :-)

Arrivée à Nice vendredi midi. Dépôt des valises à l'hôtel, ensuite il faut trouver une place pour la voiture. Nous n'insistons pas à tourner autour de l'hôtel et partons loin vers l'aéroport chercher une place gratuite. Nous rentrons ensuite en "vélo bleu", l'équivalent du velib. L'après-midi nous allons au retrait des dossards. Je m'attendais comme en 2008 à faire la queue pendant 1/2h mais non, il n'y a personne. Youpi, j'ai enfin un joli sac ! Nous allons ensuite faire un tour dans le village expo, il me faut une casquette avec un voile à l'arrière pour protéger la nuque. Je trouve mon bonheur chez Samuel BONAUDO, qui a un stand endurance shop dans le village. J'achète également une place pour la pasta-party du soir pour Corinne. La pasta-party, ça fait partie de l'ironman, il faut qu'elle voit ça, et puis la dernière fois c'était bien.


La pasta-party au palais des expositions de Nice

25 euros l'entrée. La brochure parlait de "pâtes et de pizza fraîches, faites sur place à l'aide de machines à pâtes et de fours à pizza". En fait c'était des sachets de pâtes plongées dans l'eau bouillante et des pizzas précuites réchauffées. Le pire c'est que tout ça était fait au fur et à mesure, d'où une file d'attente beaucoup trop importante pour que la soirée soit réussi. J'étais très déçu. Pour rentabiliser les 25 euros, nous repartons avec plusieurs canettes d'Ice-tea et de Coca !

La nuit se passe bien. Samedi matin est consacré à la préparation des sacs, au collage des étiquettes sur le casque et le vélo, à l'épinglage du dossard sur la ceinture, au choix des barres de céréales à emporter et au farniente sur la plage. A propos du ravitaillement à emporter, je décide de voyager léger: 3 barres salées, 1 sachet de bouillon de poule (oui !) et comme boisson une seule petite gourde pour tenir 40km. Je parie que les ravitaillements proposés me conviendront...


Il en faut du matos pour faire du triathlon !


Les sacs sont prêts


Un petit bain pour se détendre et profiter de l'eau bleue de la baie des anges

A midi nous partons à pieds chercher un restaurant. Nous jetons notre dévolu sur un établissement qui propose des salades à la carte. Pour moi ce sera à base de pates bien sur. Retour ensuite à l'hôtel, puis retour encore au parc pour déposer le vélo, les sacs "bike" et "run" et pour récupérer la puce à mettre à la cheville. Contrairement à 2008 où j'avais attendu 1/2 heure pour rentrer dans le parc, 5 minutes suffisent cette fois. La 1/2 heure d'attente, ça sera pour récupérer la puce ! L'organisation n'est pas au top. Vous allez dire que je suis difficile ? Que c'est dur de gérer 2500 inscrits ? Oui mais la société qui gère l'Ironman-France est une société privée, et on a payé 425 euros.


Dépôt des vélos entre 15h et 16h

Retour à l'hôtel, puis retour au village car nous avons rendez-vous à 18h pour la photo de groupe du club. Ca en fait des allers-retours sur la promenade. Les vélos bleus ont été bien pratiques, et surtout gratuits.


En "vélo bleu" devant le Negresco


Photo de groupe, pour l'instant tout le monde va bien

La nuit de samedi à dimanche se passe bien aussi. Corinne est plus stressée que moi. Je me suis bien préparé et c'est mon 6ème Ironman alors ça va. Le réveil sonne à 4h15. Je me lève facilement. Je déjeune avec une préparation de poudre à diluer dans du lait (prodej d'inkosport). J'enfile la trifonction et nous partons. Pas de vélo bleu cette fois ci, je préfère y aller à pieds pour me concentrer.


Pas encore bien réveillé mais ça va

Il y a encore une queue pour rentrer dans le parc. Les numéros inscrits sur nos bras et jambes se sont effacés et il faut les réinscrire. Au bout d'un moment, un responsable fait tout arrêter car l'heure du départ approche et nous passons. Je gonfle les pneus du vélo et je place la gourde et le compteur. Je n'oublie pas de mettre de la crème solaire avant d'enfiler la combinaison. Par contre je fais l'erreur de ne pas mettre de vaseline autour du cou, je finirai la natation avec une petite brûlure. Je vais ensuite déposer mes affaires à l'endroit prévu et je descends sur la plage. J'ai le temps d'aller faire un petit échauffement.

Pour se placer au départ, il y a des sas selon le temps estimé. J'hésite entre derrière les pros (au centre) et complètement à gauche pour être à l'extérieur aux passages des bouées. Le sas correspondant à mon temps (1h15) est à droite et ne m'arrange pas du tout. Je décide d'aller à gauche, et comme c'est le sas des plus lents, je me mets devant !

Le départ est donné à 6h30. Apparemment beaucoup ont eu la même idée que moi car je nage au milieu d'un gros paquet de gens du même niveau. Il y a du monde à la première bouée, du monde après, du monde à la deuxième bouée, et au retour seulement ça s'aère un peu. Le premier tour fait 2,4km. Je passe en 48mn soit pile poil dans le temps prévu. Il y a encore du monde pendant le deuxième tour, pas facile de nager en groupe de 2500. Je sors de l'eau en 1h16, encore exactement ce que j'avais prévu. J'espérais un peu mieux, même juste 1mn, ça m'aurais remonté le moral.

La transition est longue: 5mn38, mais c'est que le parc s'étale sur au moins 300m. Je double Patrice BLANCHETON en train de pousser son vélo en marchant. Je lui rappelle en rigolant que c'est une course mais il a apparemment décidé de la prendre cool.

Les 20 premiers km sont plats. Je roule à 30-35 km/h et je me fais beaucoup doubler. Pas de panique, ce sont les bons cyclistes/mauvais nageurs qui passent. km20: côte de la condamine: 500m à 10%, je passe sans forcer, je me fais toujours doubler. Ensuite c'est du faux plat montant jusqu'au km45 suivi d'une belle descente jusqu'au km50. Au km40 je m'arrête au deuxième ravitaillement (j'ai sauté volontairement le premier) pour prendre une gourde de produit énergétique. En 2008 je n'avais pas supporté le powerbar à l'orange car il était trop dosé. Là j'ai repris le risque, il était hors de question de me charger de produits. Cette fois-ci, le powerbar au citron passe bien, ouf ! Pour l'instant je gère, j'arrive à rouler à un bon rythme sans forcer, mais je me fais toujours doubler. Du km50 au km70, ça monte pour arriver au col de l'Ecre, le point le plus haut du parcours. Comme je me sens bien, je décide d'appuyer un peu plus sur les pédales. Mes bonnes sensations de la semaine dernière se confirment, je double pas mal de monde, je suis bien content de moi. Du km70 au km105, c'est plutôt de la descente. Je rattrape Patrice BLANCHETON environ au km80 (Il a du me doubler sans que je le vois). km105: côte de St-Pons: 7km mais à moins de 4%. Patrice me redouble, je le laisse s'éloigner pour ne pas trop forcer mais ça va toujours. Au ravitaillement, changement de boisson, je passe au salé. Je prends une gourde d'eau et je verse dedans mon sachet de bouillon de poule énergétique prévu pour casser le dégoût du sucré. Oui, c'était un peu risqué de tester ça pendant la course mais je le sentais bien. Effectivement, c'est EXTREMEMENT BON et, sans mentir, je vais le boire par pure gourmandise. Km110 à km120: aller-retour vers le col de Vence. Je vais croiser les copains du club: Philippe ALLER, 20mn d'avance, Jean-Marc DUMEY, 15mn, Alain GAUDEFROY, 10mn. Ils ne sont pas loin du tout, j'ai vraiment bien roulé. Mais derrière non plus ils ne sont pas loin: Christophe COGOLUEGNES à 5mn et Christophe CATALAN à 15mn. J'ai vu d'autres maillots du club mais je n'ai pas reconnu qui était dedans ! A partir du km 125, ce n'est pratiquement plus que de la descente, c'est le moment de faire remonter la moyenne. Au km135 il y a un faux plat montant très démoralisant car on ne voit pas que ça monte et on a donc l'impression de ne plus avoir de force. Comme je suis au courant du phénomène je ne m'affole pas. Je double Alain GAUDEFROY, aux prises avec un mal de dos et un sérieux manque de tonus, il me dit qu'il ne pense pas partir à pieds. km160: voilà, la descente est finie, maintenant il faut rentrer face au vent. Et aujourd'hui, il n'est pas négligeable. Jusqu'à présent j'étais bien, là je vais devoir forcer plus que ce que je voudrais pour ne pas trop ralentir. C'est pas très bon pour le moral. De plus, je commence à regarder le chrono. J'avais prévu 6h30, ça devrait aller mais vu mes bonnes sensations j'espérais bien faire 6h15 comme en 2008. Plus je me rapproche de Nice, plus je vois que je ne ferais pas 6h15. Je commence aussi à avoir très chaud. Dès que je respire un peu fort je sens l'air chaud qui me passe dans les poumons et ça m'oppresse la poitrine. Finalement, je boucle le vélo en 6h25. C'est pas si mal mais je suis tellement déçu que ça va me démoraliser. Avec le recul je m'en veux. Trop d'orgueil !


Retour du vélo

Bonne transition en 6mn25, ça va me permettre de doubler Patrice (encore) et Christophe VINOLO qui lui a passé 10mn16 dans le parc. L'avantage d'être un peu démoralisé, c'est que je ne vais pas partir trop vite à pieds. Je prends le temps de bien me mouiller et boire aux ravitaillements. L'organisation a prévu des "brumisateurs" mais en fait ce sont carrèment des douches ! Pas grave, il fait TRES chaud et ça refroidit bien. Premier aller en 30mn, retour en 33mn. Ca fait 1h03 pour le premier tour, 6mn de plus qu'en 2008. J'ai toujours cette sensation d'oppression dans la poitrine quand je respire fort et je suis donc obligé de prendre des petites inspirations. Deuxième aller en 36mn, retour en 37mn. 1h13, encore 7mn de perdu par rapport à 2008. Pour l'instant je ne panique pas, en 2008 j'avais craqué au 3ème tour, là j'ai encore de bonnes jambes. Patrice et Christophe sont toujours à la même distance derrière, ils ne s'en doutent pas mais ils me mettent la pression les salops ! Allez Lionel, 3ème tour, je me suis forcé à bien souffler pour essayer de faire passer cette oppression, ça va un peu mieux, les jambes ça va, j'accélère, je lâche Patrice et Christophe et je vole vers mon record. Christophe COGOLUEGNES me double mais ça c'est normal. Arrivé au demi-tour je regarde le chrono: 35mn... J'ai gagné seulement 2mn ! Alors que j'ai vraiment eu l'impression de passer à la vitesse supérieure ! Et Patrice et Christophe qui sont bien sur toujours là. Et là ça va aller très vite: je marche 200m et je décide d'abandonner. Je me demande encore comment ça a pu aller si vite. Je n'ai pas eu envie de souffrir pendant encore 15km, j'en avais marre. Je demande à un arbitre comment on fait quand on veut abandonner (c'est la première fois pour moi) Il me dit qu'il faut que je lui rende le dossard mais il refuse de me le prendre lui, il me dit de le rendre à l'arrivée, "on sait jamais si vous changez d'avis".


Plus que 25km

Je vais marcher pendant au moins 3km avant de revoir mon amie. Elle court vers moi et comme je m'y attendais elle me demande de continuer. Je ne lui résiste pas longtemps, elle a trouvé les bons mots et, inconsciemment, je devais quand même avoir envie de finir. Et puis d'avoir marché forcément ça m'a reposé. Je finis le 3ème retour en 1h07. Total pour le 3ème tour: 1h42. Mais je n'ai pas regardé le chrono, je me rends compte maintenant en faisant le calcul que c'est pas plus mal que mon dernier tour de 2008, si j'avais su ! Je vais faire le dernier tour sans forcer, à moitié en marchant, à moitié en trottinant. Maintenant, faire 12h50 ou 13h10, pour moi c'est pareil. Mon amie m'attend dans les tribunes. Je passe donc au ralenti pour la chercher. Je la vois, je m'arrête, laisse passer les coureurs qui me suivaient, je recule même pour faire une belle photo au milieu des pom pom girls qui se prêtent gentiment au jeu.


Ca valait le coup de finir !

Dernier tour en 1h20. Là aussi, je m'aperçois maintenant que c'est pas si mal pour quelqu'un qui finit sans forcer... Total pour le marathon: 5h18. Après l'arrivée, je ne sais pas trop dire si je suis déçu, frustré, ou autre chose. En fait je m'en fous. Les gens ont beau me dire que de finir c'est déjà bien, qu'il y a eu pleins d'abandons (531 sur 2589 partants) qu'il y a eu encore plus d'abandons au club (9 sur 21), quelque chose ne va pas. Ce n'est pas normal de baisser les bras aussi vite. Je me dis que l'erreur a été de refaire Nice. Ayant des références chronométriques, ça a faussé ma course. Comme je ne suis pas fatigué, je pense vite à en refaire un, mais pas un déjà fait, ni un à la chaleur.

Résultat: 1339ème sur 2589 et 2058 classés. Temps total: 13h11'49" soit 23mn de plus qu'en 2008 et à 31mn de mon record.

Je vais me ravitailler dans la zone d'after-finish prévue à cet effet. Il y a de la soupe aux légumes, ça fait du bien ! Et du poulet, des pâtes, des fruits, pleins de bonnes choses. Ensuite je récupère mon t-shirt finisher (eh oui je le mérite quand même !), mes sacs swim, bike, run, mon vélo et nous rentrons à l'hôtel.


Un t-shirt et une médaille de plus

Le lendemain nous faisons en voiture le début du parcours et nous en profitons pour visiter Gourdon. Pendant la course j'ai vu la pancarte qui indiquait "un des plus beaux villages de France" et je voulais vérifier ça. C'est bon, je valide ! On mange une glace, le régime est fini !


Le point le plus haut du parcours vélo, après 21km de montée

Une semaine après je cherche toujours ce qui a cloché. J'étais bien, je n'avais pas trop mal aux jambes, j'ai eu ce problème de souffle mais j'aurais pu le surmonter, je n'avais mal nulle part... Le déclic m'est venu en rédigeant ce compte-rendu: j'ai été trop orgueilleux. Inconsciemment je me suis vexé en voyant mes temps moins bons que la dernière fois. Maintenant je m'en veux. Bon c'est facile à dire une fois qu'on est reposé mais quand même... Je veux une revanche !!!