1) INTRODUCTION
Lassé par la foule de Marseille-Cassis et pas vraiment motivé par un voyage de 800km pour faire une course à pieds, le marathon de Paris était loin de faire parti de mes objectifs à long ou court terme. Ce qui m'a décidé, c'est le nombre important de personnes du club qui allaient le faire (une quinzaine), avec surtout l'objectif de bien s'amuser et pas de le prendre trop au sérieux. Après avoir envoyé mon bulletin, le certificat médical et 42 euros (donc 1 euro le km !) me voilà inscrit. Mon objectif: moins de 3h30. C'est mon premier marathon. J'ai bien déjà fait celui d'Embrun lors du triathlon, mais ce n'est pas vraiment les mêmes conditions ! J'avais mis 5h14'
2) PREPARATION
Le plan concocté par notre entraîneur me fait un peu peur: 4 ou 5 sorties par semaine, des séries de fractionné allant de 7x1000 à 3x4000, des sorties longues de 1h30 à 2h00, plus la sortie vélo du dimanche matin. La première semaine est la seule que je vais faire en entier car je passe de 15/20 km par semaine à 50. C'est trop, j'ai déjà mal aux genoux et je vais devoir sauter quelques entraînements et toutes les sorties vélo. Comme tous les hivers, j'attrape mon petit rhume ce qui n'arrange pas les choses. Semaine 5 nous faisons le semi-marathon de Hyères. Après un départ prudent pendant 5 km, j'accélère et ne faiblis pas jusqu'à la fin malgré des jambes qui commencent à durcir. 1h33. On me dit que pour estimer son temps au marathon, il faut multiplier par 2 et rajouter 10 mn. Ca fait 3h16... j'ai des gros doutes !! L'avant-dernière semaine (la plus dure) se termine. J'ai mal derrière le genou, et je suis fatigué. Repos complet la semaine du marathon. J'aurais fait 140km en février et 182 en mars.
3) VEILLE DE LA COURSE
Départ de Toulon à 11h30 en TGV. J'ai toujours un peu mal derrière le genou, je me demande si je vais pouvoir courir comme il faut. Arrivés à Paris nous allons poser nos affaires à l'hôtel situé au nord de la ville (St-Denis) L'hôtel est plein de coureurs. Puis, direction le sud (Porte de Versailles) pour aller retirer les dossards. L'organisation est vraiment bien rodée car malgré une queue gigantesque, ça passe sans attendre. Nous reprenons le métro pour aller dans le centre pour manger. Je commence à me rappeler le fonctionnement du métro, je ne l'avais pas pris depuis 1989. Mais quand même, on vérifie bien que tous les copains montent dans la même rame. Ces moments de doutes nous aurons valu quelques rigolades... Le centre ville est noir de monde, on dirait le port de Bandol au mois d'août. Nous trouvons un restaurant "Italien" (où la serveuse confond des pennes avec des raviolis et crie "olé" en servant les plats) espérant nous gaver de pâtes. Hélas, après avoir attendu notre plat 1h30, nous ressortons avec encore une petite faim. Retour à l'hôtel, épinglage du dossard, préparation des affaires et dodo à 23h.
4) AVANT LA COURSE
Réveil à 6h,je mange mon "carbo-cake" en guise de petit-déjeuner. Il pleuviote, j'hésite un peu à courir en débardeur mais bon, ça devrait se dégager. Personne n'est à la bourre est nous nous dirigeons sereinement vers le départ (re-métro, plein de monde même le dimanche à 7h du matin !) Nous sortons devant l'arc de triomphe, c'est quand même impressionnant. Nous nous séparons pour aller déposer nos affaires au vestiaire et, miraculeusement, nous nous retrouvons pour aller au départ malgré la foule. Les petits privilégiés qui ont déjà fait un bon temps sur un autre marathon partent devant, depuis les zones réservées. Je suis au milieu du paquet avec Philippe BOURNONVILLE qui a le même objectif que moi (et pile poil la même VMA). Nous décidons de courir ensemble. J'ai toujours un peu mal derrière le genou.
5) LA COURSE
Le ciel est presque bleu, il fait bon.
Le départ est donné, du moins je crois car rien ne se passe.
Au bout de 2mn, nous commençons à bouger.
7mn après le départ, nous passons la ligne de départ et commençons à pouvoir courir.
Les derniers ont attendu 15mn.
Pour faire 3h30, il faut que nous courions à 5mn au km.
Au départ, je ne regarde pas la montre, je cours au feeling.
En plus, il y a vraiment du monde et c'est impossible de doubler sans devoir zigzaguer.
Et puis on profite du spectacle, il y a des gens déguisés, d'autres portent des banderoles, on essaie de passer prés des caméras de télé.
La course est retransmise sur FR3 mais on ne verra qu'un seul copain du club.
A la place de la bastille, j'ai rendez-vous avec mon cousin.
On s'est bien mis d'accord sur l'emplacement et je ne le rate pas.
Le temps de le saluer (5s) et je repars.
Au bout de 6 km, nous avons 1mn 10 de retard sur notre plan de marche.
Nous décidons donc d'accélérer.
J'ai toujours mal, mais pas plus en courant qu'à l'arrêt.
C'est en accélérant que je vais comprendre que je ne suis pas dans un grand jour et que ça va être dur.
Philippe s'éloigne doucement.
Au km10 j'ai quand même refait mon retard.
Km15, comme je suis toujours dans les temps, je me relâche un peu et paf: 5'20 pour faire le km suivant!
Bon ben j'ai compris, il va falloir forcer jusqu'au bout.
Km20, Je suis toujours pile dans les temps.
J'ai rattrapé Philippe à la faveur de son arrêt pipi.
Je crois que j'ai toujours mal derrière le genou mais j'ai l'impression d'avoir la jambe anesthésiée.
Je reprends un peu la forme.
Nous passons le semi-marathon mais je ne me dis pas "plus que la moitié", je reste concentré.
Bizarrement, j'ai l'impression que les km passent très vite !
Km 21 à 25: c'est là où je me suis senti le mieux sur toute la course (à part les 5 premiers km).
On a presque une minute d'avance.
Km27, je vois la tour Eiffel par hasard en levant la tête.
Finalement, je n'aurais pas beaucoup profité de Paris.
Km28, mes jambes commencent à durcir.
Km29, sans avoir l'impression de courir plus doucement, nous nous payons un petit 5'20" au km.
Ail ! J'accélère et lâche Philippe...
Km30: encore 5'20" alors que j'ai plus forcé.
Ca c'est vraiment dur pour le moral.
Les jambes sont de plus en plus dures.
Km31: 5'40" ! Ca devient grave.
Bon j'arrête de regarder la montre.
Philippe me redouble, puis il perd encore du temps pour un deuxième arrêt pipi.
Il me redouble encore.
Lui a l'air en forme alors que moi je vis un calvaire.
Je ne suis pas vraiment fatigué mais j'ai les jambes en bois.
Impossible d'avancer !
Je continue quand même à courir parce que j'ai la haine: je finis, je fais le meilleur temps possible et après j'ARRETE !
Les marathons, les triathlons longues distances, c'est FINI, plus jamais ces courses à la con !
Km35, dire qu'il reste 7km !!!
Km37 il y a un ravitaillement avec des produits du terroir de je ne sais plus quelle région.
J'ai trop soif, je bois un verre de cidre !
Km 39, c'est interminable. Km40, je n'en vois pas la fin.
Km41, enfin je vois le bout du tunnel. Je regarde ma montre: 3h33.
Il me reste 7mn pour faire moins de
3h40, allez, un dernier sursaut d'orgueil.
Km42, 3h38 et des poussières, flûte, c'est vrai qu'il reste 195m.
Km42.195, aaaaaaaaaaah.
6) TOUS LES RESULTATS
La puce accrochée à une chaussure déclenche un top au passage sur la ligne de départ et permet donc d'avoir son classement réel.
- Nombre de partants: 34500.
- Nombre d'arrivants: 29700.
- Les derniers mettent 6h30, le premier 2h08.
- Mon classement réel: 10194ème en 3h39'11"
- Mon classement Officiel: 10917ème en 3h46'28".
Il s'est donc écoulé 7'17" entre le départ officiel et le moment ou je suis passé sur la ligne de départ.
- 13104ème au km10 en 50'26" (donc 26" de retard)
- 12167ème au Semi en 1h44'54 (notez la précision de mon allure: 6s de différence sur le temps prévu !)
- 11443ème au km30 en 2h30'04" (même remarque ! Mais malheureusement, ça allait vite changer !!!)
Comme j'étais mal placé dans le sas de départ (on est arrivé 20mn avant le coup de canon) j'ai doublé beaucoup de monde ! Et même sur la fin, alors que je trottinais, j'ai donc continué à doubler beaucoup de monde. Pourtant je ne me rappelle pas avoir vu beaucoup de défaillances.
7) APRES LA COURSE
On nous donne un poncho ma foi d'assez bonne qualité pour ne pas prendre froid. On nous retire la puce de chronométrage, ça ne bouchonne pas. Gros ralentissement par contre au ravitaillement en eau car les bénévoles nous donnent les bouteilles une par une de peur qu'il n'en reste plus pour les derniers. Passé ce bouchon, je m'assois 5 mn. Je vais ensuite sans tarder récupérer mes affaires au vestiaire avant l'arrivée du gros du peloton. Il n'y a pas d'attente ici, ouf. Je me change au milieu de la route et pars retrouver les copains au lieu de rendez-vous prévu. Philippe à fait 3h34. Au club, les temps vont de 2h49' à 4h43' Une fois tous réunis, nous repartons à l'hôtel. AAAAARRRG, il y a une queue monstrueuse à l'entrée du métro. Heureusement, tous les coureurs ne vont pas au même endroit et ça passe mieux que prévu. L'hôtel, la douche bienfaisante et nous voilà repartis. Nous allons faire encore une petite séance de masochisme en marchant pendant 1/2 heure avec nos sacs pour chercher le Mc-Do autour de la gare (eh, oh, après ce qu'on vient de faire, on y a droit !) Un copain avec un cardiofréquencemètre enregistrant les calories perdues m'annonce 3600 Kcal, avis aux amateurs de régimes. Horreur, il y a aussi la queue au Mc-Do alors qu'il n'est que 17h00. Les jeunes qui sortaient du cinéma voisin sont venus prendre leur goûter... Le voyage du retour se passe sans histoires.
8) LES JOURS SUIVANTS
J'avais pris 2 jours de congés, et j'ai bien fait. Mon mal aux jambes est passé, je n'ai même plus mal derrière le genou !! Je commence à réfléchir sur quel marathon je vais pouvoir prendre ma revanche...
Ajout en 2023: Je n'ai jamais pris ma revanche. Refait en 2018 mais trop vieux pour améliorer, j'ai terminé en 3h59. Oui j'ai forcé à la fin juste pour passer sous les 4h.